Hélène Vignal – Casseurs de solitudes – Rouergue (2014) – 160 pages – 10,20 € - dès 12 ans

par BN

Noires, ces neuf histoires d’adolescents ? Oui, sans doute. Mais toniques aussi. Le chemin de la vie n’est pas semé de roses mais nos ados ont beaucoup de ressource. « On peut toujours faire quelque chose », dit le jeune héros de Chiens de garde, et il le prouve. De manière glaçante, certes, mais tout vaut mieux que de courber la tête et d’accepter l’injustice sans rien dire. Adra qui se bat pour échapper à l’excision, Paloma qui a juré de dresser le fougueux cheval Magico en lui parlant avec amour, Éliot qui profite d’un stage à la Préfecture pour court-circuiter le courrier d’un corbeau dénonciateur de sans-papiers… chacun à sa manière prend la vie à bras-le-corps et tente d’y changer quelque chose, parfois avec la complicité de certains adultes, parfois seul contre tous. Et si le combat de ce jour-là est perdu pour Marie et Zoé, par exemple, il y en aura d’autres qu’elles gagneront sans doute. On apprend aussi de ses erreurs et de ses échecs.

Hélène Vignal, spécialiste de la littérature jeunesse, confirme magnifiquement le succès de ses précédents livres. Elle sait parler des jeunes et parler aux jeunes. Le genre de la nouvelle lui convient particulièrement et elle l’utilise ici de manière plutôt originale, puisque certains des personnages circulent d’une nouvelle à l’autre, tantôt au premier plan, tantôt au second. Le traitement qui est fait, entre autres, de la rupture entre deux amies par mobile interposé, vue du point de vue de l’une puis de l’autre, est une véritable réussite.

À mettre entre toutes les mains dès 12 ans, comme le recommande l’éditeur. À étudier en cours de français aussi, peut-être. Avis aux enseignants qui ont envie de sortir des sentiers battus.