La Chanson pour Sonny d’Ahmed Kalouaz, éditions du Rouergue, 73 pages, 8,70 €

par Nathalie Barrié

Ahmed Kalouaz écrit neuf nouvelles autour du sport, dans un contexte souvent tragique, quand la Grande Histoire s’en mêle. C’est le cas pour l’émouvant portrait du nageur Alfred Nakache, surdoué d’origine algérienne, inventeur de la nage papillon, contraint de plonger dans les fosses puantes d’un camp nazi… C’est aussi le cas du gardien de but Helmuth Duckadam, victime de la dictature de Ceaucescu, d’Abebe Bibila, le coureur de fond éthipien « aux pieds nus » qui combattit en Italie, du coureur Jean Bouin mort au champ d’honneur en 14, et encore du cycliste italien Gino Bartali, dit le pieux, qui sauva 800 juifs en temps de guerre et passa sur son vélo l’argent qu’il remettait à leurs familles. La guerre, ce n’est pas du sport, « c’est autre chose »... Mais il faut certes être jeune, avoir la santé et un idéal plus haut que soi pour accomplir de tels exploits et parfois revenir, comme le boxeur Sonny Liston, au détour d’une chanson des Dire Straits.

Étrange parallèle, donc, entre les héros du stade et ceux des tranchées, constant fil rouge de ces récits gravés dans les tablettes de l’histoire ; un fil rouge qui ferait presque penser que même si « la guerre, c’est autre chose », il y a peut-être là, entre l’exploit sportif et les combats d’hier, quelques points communs, des histoires d’hommes qui se battent contre plus fort qu’eux, se surpassent et acquièrent une autre dimension par le mérite et le courage. Et si certains ont été injustement oubliés, La Chanson pour Sonny les relance dans l’arène, avec les honneurs. On peut juste émettre un regret : où sont les résistantes et les sportives ?