La dernière compétition.

dimanche 27 novembre 2016 par Sylvie Teper

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L’ambition éloigne l’homme de lui-même :
il se quitte pour arriver.
F.Dard

Illustration : Corine Sylvia Congiu - 2016

Face à la Manche, Jack, immobile, se tenait debout sur la dune blanche de Berck, à la fin de la terre, au début de la mer, à la frontière, à la limite de deux mondes.
Deux mondes comme la vie et la mort.
Les sourcils de Jack se contractèrent. Sa respiration s’accéléra. Il lutta pour émerger du sentiment de culpabilité qui s’abattit sur lui. Dans sa tête, la houle ; devant lui, le calme de la mer. Ses yeux errèrent sur cette étendue familière qui, aujourd’hui, lui offrait, sous un soleil de printemps, une palette de couleurs froides, nuancées et piquetées de paillettes luisantes. Flots tranquilles. Ondulations vers la plage. La paix succédait à l’orage. La brise caressa la joue de Jack. Ses préoccupations s’atténuèrent, mais ne le quittèrent pas. Il ne pourrait jamais ni oublier ni se pardonner. Il devait vivre avec ce poids ou ne pas vivre.
Des mouettes volaient entre le ciel et l’eau, d’autres flottaient comme des fleurs et d’autres encore, en bonne harmonie avec les goélands, patientaient sur le rivage. Des chars à voile, poussés par le vent, filaient sur le banc de sable puis viraient de bord. Le vent capturé, coloré, déguisé en méduses et en crabes, se soumettait aux mains des cerfs-volistes. Seize ans plus tôt, ici même, Arthur, Paul et lui maniaient leur aigle géant pour la rencontre internationale de cerfs-volants.
Face à la mer, debout sur la dune, Jack voyait défiler sa jeunesse avec Paul. Le temps n’atténuait ni l’amertume de ces souvenirs ni son remords. Comme le surfeur, qu’il était, à la recherche d’une bonne vague déferlante, il attendait. Il attendait quelque chose, mais ne savait pas quoi. Le visage souriant de Paul se tournait lentement vers lui. Un visage rond, des joues pleines, imberbes. Une tête joviale aux yeux pétillants. Paul, son ami, son coéquipier, son complice. Une amitié qui durait depuis seize ans. Qui avait duré seize ans.
Paul était mort.
Jack l’avait tué.

Les voiles s’enflaient et fuyaient sur la mer, vers le Nord, au-delà du Touquet. Jack tourna la tête de l’autre côté, vers Berck, puis de nouveau vers le Touquet. Douze kilomètres de plage ou douze kilomètres de dunes qui ne les avaient jamais séparés.
Deux chevaux, dans un petit galop, effrayèrent la bande d’oiseaux qui s’envolèrent en piaillant. Jack, le compétiteur, prit ces cris comme signal de départ. Il se mit en route, laissant la ville natale de Paul, dans son dos.
Il préféra traverser les dunes, son désert de sable que la mer ne pouvait reprendre ; le pays de son imaginaire peuplé d’êtres invisibles, la mémoire de ses souvenirs. Succession de petites collines hérissées d’oyats et de ravins. Monter, descendre. Escalader, débouler. Paul, Arthur et Jack ont 10 ans, 15 ans, 20 ans. Ils courent, se poursuivent et Jack pousse Paul pour le dépasser...
Il marcha dans le sable profond. Il avança, progressa, s’allégea, se libéra et entendit, enfin, la symphonie qui se jouait autour de lui : la basse continue de la mer accompagnait le sifflement des vents et les solos des oiseaux marins.
Soudain, il ressentit quelque chose qu’il ne savait pas définir, tourna la tête. Quelqu’un ne le suivait-il pas ? Ses appels à la raison échouèrent. La police avait conclu à un accident. L’affaire était classée. Classée pour la justice, mais ni pour lui ni pour Arthur. Toute tentative d’oubli était impossible : les yeux d’Arthur qu’il croisait au club ou dans la ville l’accusaient. Il n’assumait pas son regard. Ni le jour ni la nuit.
Il tourna encore une fois la tête. Les oyats se balançaient. Il respira profondément, se calma, reprit son pas et, dos à la mer, s’enfonça dans le cœur du massif dunaire. Il atteignit un espace plus dégagé, une dépression, une panne humide, « le trésor des dunes », disait Arthur, le naturaliste. Ne pouvait-il pas effacer Arthur de ses pensées ? Un cri rauque se rapprocha. Jack sursauta. Une mouette, aux bec et pattes rouges, nichait, là, quelque part et n’appréciait pas sa présence. Il scruta chaque recoin. Il appela : « Arthur ? » Le mot s’envola dans la brise du large. Jack changea de direction et gravit de nouveau le cordon dunaire. La mer réapparut. Ses vagues caressaient le sable. Il enleva ses tennis, dévala la pente avant d’atteindre la plage et courut vers elle. Elle lécha ses pieds. Elle luisait. Des étoiles de soleil scintillaient à sa surface. L’odeur de la marée l’enivra et l’envie de glisser sur elle le saisit. Il allongea le pas en direction de son club nautique, la Base Sud du Touquet.
Jack le reconnut de loin. Arthur était là. Adossé au mur. Un malaise s’empara de lui, mais il ne ralentit pas. Il maîtrisa ses battements de cœur et le rejoignit.
— Je suis allé au cimetière... C’est son anniversaire.
— Ils me l’ont dit, répondit Arthur en pointant son pouce vers le club. Tu es revenu à pied ?
Jack confirma de la tête. Il fuyait son regard.
— Je dois passer à la Base Nord, tu m’accompagnes ? J’ai ma voiture, lança Arthur
Jack lui jeta à la dérobée un coup d’œil. Rien dans son attitude ne lui fit craindre une menace. Il le suivit jusqu’au parking sans prononcer un mot.
Arthur démarra. Ils roulèrent vers l’école de voile de leur enfance, la Base Nord du Touquet. Il se gara à l’entrée.
En s’éloignant de la voiture, Jack sentit sur lui le regard d’Arthur qui fermait la portière. Il lui fit un signe de la main et se dirigea vers la terrasse du club house, le laissant aller observer une fleur, un oiseau ou il ne savait quoi. Il s’assit à une des tables en bois et regarda la baie. Large espace paisible. Aucun obstacle pour les yeux. Sensation de plénitude. La marée était basse. Sur le banc du Pilori, la flèche sableuse qui barrait en partie l’estuaire, des cormorans, des mouettes, des goélands et des pêcheurs à pied, à la recherche de coques et de couteaux. À marée haute, des bateaux de plaisance les remplaceront et la Canche mêlera ses eaux à celles de la Manche avant de longer la pointe de Lornel. Il hocha la tête avec un certain abattement. Mélange d’eau douce et d’eau salée. Encore deux mondes qui se croisent, luttent pour gagner leur place et la rivière se noie dans la mer...
— Lieu de prédilection pour les migrateurs, lui souffla Arthur dans l’oreille avant de s’asseoir en face de lui.
— Tu te souviens du sauvetage des deux randonneurs dans la baie ?
— Sans notre Paul, ils étaient morts.
Jack acquiesça d’un signe de tête.
— Bon... on lève le camp ?
Ils quittèrent la terrasse, longèrent, sans les regarder, les bateaux alignés de part et d’autre de l’allée, avant de retrouver leur voiture
Arthur mit le contact, hésita, prit le volant et, finalement, demanda :
— Je te ramène ?
— Tu peux aller au Gris-Nez ? J’ai un rendez-vous.
Arthur le dévisagea. Quel rendez-vous pouvait avoir ce moniteur de planche et de char à voile sur une falaise ? Une fille ? Il démarra sans poser de question et prit la direction d’Étaples.

Ils franchirent le pont qui enjambait la Canche et tournèrent à gauche en direction de Boulogne. Le bateau Stapula, sur son talus herbacé, dos à la baie, les toisait. Arthur jeta un œil complice vers Jack : ils y avaient emmené des filles. Et il parla de la pêche au crabe, du flobart de son grand-père, mais sa voix le trahissait. Ses mots aussi. Il parlait pour parler. Parler pour éviter le silence. Parler pour ne pas penser à Paul. En longeant les dunes de Lornel, il les pointa et reprit l’assurance du naturaliste.
— Tu te souviens de mon terrier de lapin cannibale ? On avait quoi ? 8 ans ?
— On y avait cru, répondit Jack. Tu as toujours su nous bluffer, et tu veux continuer. Pourquoi tu m’as attendu au club ? Pourquoi tu m’accompagnes ?
Arthur, en guise de réponse, évoqua les bécasses et les tadornes de belon qui vivaient sur le site, l’action du conservatoire dans la protection des espèces... Jack appuya sa tête contre la vitre. Il ne s’intéressa ni à la conférence d’Arthur ni aux petits spectacles que la route lui donnait. Il ferma les yeux.
Arthur continua de citer les plantes et les animaux préservés sur le littoral. Il ralentit et se tut en traversant Ambleteuse. Jack ouvrit les yeux, se redressa. Son regard se posa sur les passants. Aucun d’eux ne suspectait le poids qui le lestait ni la douleur qu’il maîtrisait. Il envia leur légèreté.
Arthur accéléra à la sortie de la ville. Jack l’observa un instant. Pourquoi m’a-t-il attendu au club ? Pourquoi m’accompagne-t-il ?

Au Cap Gris-Nez, Jack se dirigea vers le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage, vaste bâtiment, au pied du phare, qui imposait le respect. Une saveur amère lui monta à la gorge. Il sentit un mélange de nausée et de colère en lui. Pourquoi venir ici ? Ne se fustigeait-il pas lui-même ? Paul appelait toujours ce centre pour un sauvetage. Jack avait fait de même pour lui. Ils avaient dépêché et le Groupement d’Intervention en Milieu Périlleux et l’hélicoptère de la sécurité civile, mais l’hélitreuillage n’avait remonté qu’un sac noir à forme humaine.
Jack se sentit seul. Seul, talonné par Arthur. Seul au milieu d’un va-et-vient de touristes intrigués par le bal des oiseaux, impressionnés par la vue qu’offrait le site et déçus par l’absence, à cette époque, des phoques gris et des veaux marins en contrebas. Le vent s’amusait avec les chapeaux et les jupes.
Jack s’arrêta devant l’entrée, ferma un instant les yeux. Il semblait attendre un ordre venu du ciel.
— Jack, ça va ?
— Ça va.
— Viens voir les eiders à duvet, ça te changera les idées !
— Va voir tes canards sans moi ! On se retrouvera près du phare.
— Ce ne sont pas des canards.
— Pour moi, c’en sont. Okay, Dalila ?
Le visage rieur de Paul leur souriait : c’était sa plaisanterie. Arthur haussa les épaules et le laissa. Quelques minutes s’écoulèrent encore avant que Jack reprît son pas et entrât dans le bâtiment.

Il ressortit plus tôt que prévu. Personne au pied du phare. Des plumes de nuages, dans le souffle du vent, filaient, s’effilochaient sur un fond bleu pâle. Belle journée de printemps. Il fit glisser la fermeture de sa veste, s’engagea sur un sentier et s’arrêta près d’un vieux trou de bombe. Leur ancien abri où, armé d’une lunette, Arthur surveillait, nommait, notait les passages des migrateurs tandis que Paul et lui, comme deux pirates, observaient les bateaux et les ferries défilant dans le détroit. Paul parlait déjà de traverser la Manche à la nage. La mer le fascinait, l’obsédait. Il voulait la dominer, en devenir maître, mais on ne domine pas la mer. Fils de pêcheur, il le savait. Alors, il avait décidé de défier ses courants, sa température de quinze degrés qui le saisirait après une immersion de plusieurs heures, le saisirait, mais ne l’arrêterait pas.
Jack s’assit, ramena ses pieds sous ses cuisses et, les yeux grand ouverts, contempla, depuis les hauteurs du Cap Gris-Nez, la frontière entre la mer du Nord et Manche, puis, à sa droite, la baie de Wissant, un arc de cercle de plage bordé d’un massif dunaire que la mer, avec ses vagues, ses dents, rognait. Les larmes montèrent, une à une, douces, et glissèrent sur sa joue. Il sentit en lui quelque chose lâcher, tomber. Quelque chose d’oppressant comme la porte d’une prison : l’envie de gagner à tout prix. Il se laissa aller pour la première fois de sa vie de compétiteur. Il ne se battit plus, il ne lutta plus. Pleurer, c’était reconnaître sa défaite, son erreur. Il les reconnut et pleura. Paul, que voulions-nous prouver ?... On n’avait même pas la peur comme garde-fou... Ils ont conclu à un accident, mais toi et moi, on connaît la vérité, n’est-ce pas ?... Tu as toujours été le plus fort et tu le resteras, même dans cette dernière épreuve.

Au retour d’Arthur, et avant d’entendre son rapport sur les oiseaux, il annonça, sur un ton ferme et définitif :
— On file au Cap Blanc-Nez
— ­Mais la marée va monter !
— ­Entraînement pour ton trail de la Côte d’Opale, on y court.
Et Jack s’engagea sur le sentier de grande randonnée qui menait à la falaise blanche. Pour la première fois depuis la mort de Paul, il sentit son corps, son être. Il redevenait maître de sa volonté. Il était prêt pour régler un compte avec lui-même.

Dans la baie de Wissant, le vent et la mer s’agitèrent plus que les deux coureurs. Les vagues s’élevèrent, se couvrirent d’écume, mais Jack et Arthur semblaient ne rien entendre, ne rien voir. Des coquillages craquèrent sous leurs pieds. Des enfants ramassèrent leur ballon et les laissèrent passer. Quelques mouettes leur cédèrent la place en s’envolant. Un véliplanchiste les salua de la main.
Les deux hommes fixèrent, comme hypnotisés, l’extrémité de la baie, une falaise, un mur blanc de cent trente mètres de haut.
Paul, Arthur et Jack... Là-haut.
La mer montait.
Paul, Arthur et Jack, au bord de la falaise. Là-haut. Heureux d’être ensemble. Le vent soufflait dans leurs oreilles. Ils chantaient, riaient, se provoquaient... La joie, le partage d’une réussite, celle de Paul admissible au concours des sapeurs-pompiers première classe...
Ils gravirent la pente sableuse et caillouteuse, sous les cris joyeux, excités des couples de goélands stationnés sur les corniches pour nicher. Au sommet, Jack rejoignit les traces de Paul. Ils avançaient vers le bord de la falaise... Paul, en tête, comme ivre, et lui, plus fou encore... puis, derrière eux, Arthur, une bouteille de champagne à la main. Le vent soufflait fort. Un appel... Jack et Paul se retournèrent, Arthur lança la bouteille...
Le vent soufflait. Le ciel blanchissait. Les herbes s’affolaient.
Jack passa sa main dans ses cheveux avec la volonté de se ressaisir. Les deux amis marchaient dans les traces de Paul. Les côtes anglaises, blanches comme la peur, les regardaient.
C’était là.
Jack avança jusqu’au bord extrême. Arthur aussi. Un pas de plus ? Les deux hommes s’observèrent. Les chocs de la marée contre la falaise résonnaient... Choc de deux corps qui s’élèvent comme deux vagues... Paul... chute libre entre la France et l’Angleterre. Et soudain, un cri, un seul cri, un cri longtemps contenu dans les entrailles de Jack s’échappa de ses lèvres, monta, s’éleva au-delà du Cap et se perdit dans les hauteurs.
Le vent le gifla.
La respiration moins oppressée, Jack se retourna. Arthur, le visage crispé, les lèvres tremblantes, pleurait en silence. Pour la première fois depuis la mort de Paul, Jack ne détourna pas ses yeux. Arthur sursauta comme si ce regard, une aiguille, s’enfonçait en lui. Il cria :
— Ne me regarde pas comme ça !
— C’est son anniversaire. Sors ta bouteille !
Ces mots secouèrent Arthur comme un électrochoc. La salive sortit de sa bouche avant le hurlement :
— C’est lui qui nous a entraînés ! C’est toi qui l’as tué !

Les deux hommes ne bougèrent pas, indifférents au passage des randonneurs et à la surveillance des goélands, prêts à les attaquer s’ils approchaient de leurs nids.
— Je l’ai poussé pour gagner, Arthur, comme je l’ai toujours poussé. Il est tombé comme il est toujours tombé, mais cette fois-ci, il n’y avait plus de sol... Plus de sol...
Arthur se détourna, s’éloigna, hésita, s’arrêta, revint sur ses pas, et confia :
— Il est mort à cause de moi... Je t’ai attendu au club pour te dire ça... Vous avanciez vers le vide et j’ai lancé la bouteille...
— On a sauté pour l’attraper...
— Je vous connaissais et j’ai quand même lancé la bouteille...
— ­Il était en l’air avant moi... toujours plus rapide... je l’ai poussé... J’ai eu la bouteille. J’ai gagné.
Le dernier mot fut inaudible. Aucun des deux n’osait regarder l’autre. Chacun restait, tête baissée, dans sa douleur avec sa responsabilité. Aucun des deux ne serra l’autre dans ses bras pour l’apaiser, pour s’apaiser dans la chaleur de l’empathie jusqu’à ce que les larmes se tarissent. Puis, le regard de Jack s’accrocha aux ailes d’un goéland et ils planèrent ensemble.
— Paul s’est approché du bord ; il aimait le frisson du danger. Il le recherchait comme on recherche celui de l’orgasme. Il violait ses propres limites pour jouir. Prendre des risques était le moteur même de sa vie. Et on se défiait comme deux mâles pour une femelle, sauf qu’eux sont plus intelligents : ils s’intimident et la plupart du temps, l’un cède. Et nous, la plupart du temps, on ne cédait pas...
Arthur ne l’interrompait pas. Seuls, ses yeux bougeaient. Ils allaient et venaient sur cette tête brune qui regardait l’oiseau, sur ce corps d’athlète qui vacillait.
— J’ai toujours cru en moi, je n’ai jamais voulu perdre... mais j’ai perdu le sens même de la vie... L’ambition des conquérants, des guerriers avec des adversaires à terrasser me faisait avancer ; et une victoire en exigeait une autre, un record en appelait un autre. Je m’entraînais près de vingt-cinq heures par semaine...
Ses doigts se serrèrent et se refermèrent dans sa paume, puis il hocha la tête comme il le faisait souvent quand il avait saisi quelque chose.

Arthur posa sa main sur son épaule :
— Pourquoi m’as-tu entraîné ici ?
Les yeux, mouillés, rivés sur ses pieds, Jack s’attardait. Ses mains tripotaient un pan de sa chemise. On n’entendait que le battement sourd et lointain des flots.
— Pourquoi m’as-tu entraîné ici ?
— Pour Paul. Pour te montrer, comme il nous l’a montrée, cette mer entre Douvres et Cap Gris-Nez, ces quarante kilomètres qu’il voulait franchir à la nage en juillet. Je vais le faire pour lui.
Aucun mot ne put sortir de la bouche d’Arthur.
— Comme les inscriptions sont closes, il me fallait l’accord du Centre de Gris-Nez pour prendre sa place. L’équipe qui devait le suivre, son entraîneur, son escorte, me suivra. Il avait prévu onze heures pour réaliser cette traversée. Ce sera notre dernière compétition, notre dernière folie et ma dernière ambition sportive : j’essaierai de maintenir son allure pour l’honorer, je lutterai, mais j’ai peu de chances : il est plus fort que moi, il va gagner.

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