Une femme d’Essaouira

mardi 14 juin 2016 par Jean-Baptiste Margantin

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Illustration : Corine Sylvia Congiu - 2016

Le soleil inondait la maison de ses rais lumineux et profitait de l’ouverture matutinale des fenêtres pour investir la maison d’Aïcha qui remarqua aussitôt une note rose sur le linge blanc entreposé sur le sol de la buanderie. S’il aimait les couleurs comme sa mère, Magyd n’avait toujours pas retenu qu’il fallait séparer le blanc des couleurs ou il comptait pour cela sur la maîtresse de maison, comme ses frères et leur père. Aïcha ferma la fenêtre qui donnait sur la terrasse et son étendoir : les quatre fils n’attendaient que le linge pour s’habiller. La voisine, Kadija, avait déjà étendu le sien : une djellaba d’enfant, blanche et or, se détachait clairement devant le reste du linge. Tout se passait donc bien pour les voisins. Aïcha était radieuse.

Depuis le lever du soleil, Mohcine était au marché : il serait de retour à la maison pour le déjeuner. Son épouse était tranquille car le plat était déjà en train de mijoter.

Les garçons dormaient encore là-haut.
Magyd, rentré tard, avait bravé l’interdit paternel mais Mohcine s’était endormi trop tôt pour s’en apercevoir. Aïcha ne dénoncerait pas son fils aîné car elle avait horreur des éclats de voix qui troublaient le silence ordinaire. Mohcine parlait peu en général, mais il s’emportait facilement surtout quand il considérait qu’on ne lui obéissait pas.
Nabil était blessé depuis son accident de moto : il restait le plus souvent alité. Une opération pourrait lui permettre de marcher de nouveau mais elle coûtait cher et ses parents n’avaient pas l’argent nécessaire. Le destin semblait avoir parlé très tôt pour Nabil.
Abdelwahed, le petit dernier, n’allait plus tarder à faire savoir qu’il était réveillé.

Aïcha était de bonne humeur. Elle chantonnait dans sa tête un air familier. Elle se rendit dans sa chambre, ouvrit l’armoire, le tiroir à double fond qu’elle seule connaissait ; elle se saisit de sa boîte à rêves, adressa une brève prière à Allah pour qu’il continue de protéger ses espoirs du mauvais œil et ouvrit le coffret. Ses rêves ne devaient pas être trop grands car le coffret hérité de sa grand-mère était minuscule. La boîte contenait la photo d’une voisine un peu plus jeune que Magyd : Nassima était fort belle et Aïcha aurait bien vu son aîné l’épouser ; une photo du docteur Slimane, un chirurgien réputé de Casablanca selon l’article qu’illustrait la photographie : ce médecin était bel homme, il devait bien opérer et pourrait rendre ses jambes à Nabil ; un foulard vert enfin qui exhalait une odeur d’Europe, très à la mode à Paris selon Kadija. Ce foulard vert, Aïcha y fourra son nez, elle s’emplit les narines de l’odeur qu’avaient ses rêves. Elle le mit autour de son cou un instant pour s’évader. Que Kadija était bonne de lui avoir offert cette étoffe si délicieusement colorée, parfumée et …interdite ! Déjà Abdelwahed descendait l’escalier et appelait « Mama » pour que sa mère s’occupe de lui et lui donne à manger. Aïcha rangea rapidement le foulard dans sa boîte, la boîte dans le tiroir à double fond de l’armoire, dont elle referma les grandes portes avant de sortir de la chambre. La journée ne faisait que commencer. Abdelwahed avait tôt fait de prendre son petit-déjeuner. Il avait hâte de ne pas rester seul.

—  Wahed ! Va réveiller tes frères. Il est l’heure de se lever maintenant. Va dire à Nabil que je lui apporte son plateau. 
— Oui, Mama ! répondit le garçon malicieux, véritable Sheitan1 selon ses frères.

Sisyphe des temps modernes, Aïcha n’avait de cesse de laver, d’étendre, de repasser et de ranger le linge. Ses enfants changeaient tous les jours d’habits. Magyd attachait une grande importance à ce que les couleurs soient assorties. S’il tenait de sa mère ce goût des couleurs, Magyd en revanche était avec son père ce que la nuit est au jour.

Aïcha était une femme d’intérieur. Elle ne sortait qu’une fois par semaine de la maison, pour descendre au puits où elle avait rendez-vous avec Kadija. La terrasse où elle étendait le linge était une zone intermédiaire dans sa géographie : située chez elle, elle donnait sur l’extérieur, sur la maison de Kadija notamment avec qui elle communiquait grâce au linge que les deux femmes étendaient sur le fil. Elles seules connaissaient ce langage auquel les hommes n’entendaient rien. Kadija et Aïcha partageaient ainsi des émotions et des sentiments qu’il ne convenait pas d’exhiber : cela aurait perturbé la sérénité intérieure que l’une et l’autre protégeaient.

Aïcha étendit son linge blanc sur la terrasse. Le maillot de Magyd et les chaussettes vertes assorties étaient eux aussi étendus sur le fil de la terrasse, du côté de chez Kadija, de manière à être visibles de la voisine qui comprendrait le message : Aïcha avait pu rêver un peu ce matin grâce au foulard vert.

Nabil devait s’impatienter déjà. Aïcha se pressa de lui monter son plateau avant de s’assurer que Magyd avait assez mangé. Elle débarrassa les plateaux, ramassa le linge qui traînait, défit les lits, changea les draps et refit les lits à l’identique ; elle tria les couleurs et s’en retourna en bas surveiller le déjeuner qui mijotait.

Des cris, des pleurs, la voix de Magyd. Abdelwahed ne changerait donc pas. Renvoyé fermement par son aîné qu’il avait réveillé brusquement, Wahed descendit sécher ses larmes dans les plis de la djellaba maternelle. Magyd avait rétabli l’ordre silencieux. Wahed passerait la matinée à jouer seul.

Wahed ne comprenait pas. Quand il se levait le matin, il se réjouissait de voir sa mère et de prendre son petit-déjeuner avant d’aller retrouver ses frères. Il aurait aimé jouer avec eux. Nabil comptait moins depuis qu’il était blessé. Pourquoi son frère Magyd le chassait-il ainsi tous les matins ? N’était-il pas aussi content que Wahed de voir son frère arriver ? Apparemment non. Il se prenait pour leur père, hurlait comme leur père, donnait des ordres comme leur père. Bien sûr, Wahed l’écoutait car Magyd était l’aîné, il était le plus ancien et Wahed devait respect à ses frères. Comment se comporterait-il, lui, quand il aurait un petit frère à son tour ? Jouirait-il de son privilège ou se souviendrait-il de son désir de partager des moments fraternels ? Wahed jouait dans le salon avec ses moutons, son berger et sa voiture. Wahed se racontait une histoire, toujours à peu près la même : un berger menait ses moutons et en perdait un. Que fallait-il faire ? Courir après le mouton égaré ou laisser aller le reste du troupeau sans guide ? Si le berger venait à perdre son troupeau, y aurait-il encore assez de moutons pour la fête de l’aïd ? Il préférait toujours sacrifier la bête égarée. Après tout, c’était peut-être son mektoub, sa destinée. Quelque part là-haut, ce devait être écrit.

Depuis que Nabil était blessé, il était devenu comme un étranger dans la maison. Ses copains venaient moins le voir. Il avait appris à s’occuper seul, dans sa chambre, à lire et à relire les rares livres qu’il possédait ; à observer les siens aussi. Il avait pris conscience de tout ce que faisait sa mère et se réjouissait à chaque fois de tout ce qu’elle parvenait à faire pour lui alors qu’elle devait s’occuper de quatre hommes à la maison. Après son accident de moto, il avait connu l’ennui d’abord ; il avait pris du poids mais son esprit lui semblait plus léger. Nabil aimait à rêver et à écrire ses rêves : il tenait un journal quotidien, qu’il cachait dans un endroit inaccessible au Sheitan – c’est ainsi qu’il surnommait Wahed. Plus encore que sa blessure au genou, Nabil souffrait du regard de son petit frère.

Magyd ne supportait pas son père. Aïcha méritait mieux que cet homme morne, taiseux et colérique pour qui la ville comme l’extérieur étaient le mal. Pourquoi y était-il constamment alors si c’était si mal que ça ? Pourquoi Magyd n’aurait-il pas dû traîner dehors alors qu’une partie de sa vie s’y trouvait ? Bien sûr, la maison restait le lieu de la famille, un refuge nourricier dans lequel il faisait bon vivre. Si son père avait été meilleur époux et père, Magyd aurait volontiers écouté les recommandations paternelles. Il aurait d’ailleurs aimé obéir à Mohcine, être un bon fils, respectueux de ses parents, mais il n’y arrivait pas car il estimait que son père n’était pas à la hauteur du rôle qu’il devait jouer. Magyd n’aimait pas la colère. Il savait que les éclats de voix dans la maison étaient vécus par sa mère comme un échec. Lui-même élevait la voix souvent le matin pour se faire obéir de Wahed mais il cessait rapidement : il n’aimait pas ressembler à son père. Parfois aussi, il ne parvenait pas à s’empêcher de provoquer Mohcine.

Kadija resplendissait de bonheur : son mari Nafa venait de rentrer d’Algérie où il avait pu trouver de quoi assurer la prospérité du ménage pour plusieurs semaines. Comme à son habitude, Nafa avait couvert son épouse de cadeaux. Il savait qu’elle aimait les couleurs vives : ces djellabas colorées qu’il avait trouvées en Algérie feraient le charme de Kadija. Il savait aussi que tout ce qui touchait à l’Europe plaisait à sa femme et qu’elle désirait vivement un enfant. Il le lui avait promis au retour de ce voyage périlleux. Il revenait avec deux belles promesses : fécondité et prospérité. Très tôt ce matin, Kadija avait étendu son plus beau linge blanc du côté de chez Aïcha, mettant au milieu du premier fil un vêtement doré et une djellaba d’enfant. Demain, elle verrait sa voisine au puits et les deux femmes pourraient partager leurs émotions et leurs rêves. Kadija chantait sa joie à tue-tête.
Nafa était heureux de voir sa femme si belle et si joyeuse. Dans moins d’un an, ils auraient un enfant. Ce serait un fils inchallah. Nafa avait invité les voisins à venir fêter son retour.

Mohcine n’avait pas daigné répondre à l’invitation de ses voisins dont il condamnait la vie. Nafa était un contrebandier sans scrupules ; il était toujours à l’étranger, loin de son foyer et de ses devoirs conjugaux. Il n’avait toujours pas d’enfants. Mohcine, lui, avait déjà trois beaux garçons. Allah punissait Nafa comme il punissait Essaouira, la cité aux merveilleux remparts qui se donnait aux étrangers. Les affaires n’avaient pas bien marché pour Mohcine ce matin encore. Nafa lui avait déjà conseillé de se convertir au marché d’huile d’Argan plutôt que de s’obstiner à tenter de vendre une sardine qui avait trouvé sa concurrente. Mohcine s’y refusait et se méfiait des conseils de son voisin.

Aïcha était encore heureuse quand son mari rentra déjeuner à la maison. Mohcine avait l’air maussade. Aujourd’hui encore, il avait dû avoir du mal à vendre ses sardines. Elle aurait voulu lui faire oublier sa matinée et lui donner un peu de sa joie, prendre un peu sa peine. Mohcine savait ce qui pourrait lui faire plaisir.

— Aïcha, je veux un quatrième enfant. Là, maintenant. Tu vas me donner une fille, cette fois. 
Aïcha n’était pas prête. Elle n’avait pas envie. Mohcine, toujours économe de ses mots, se contenta de répéter le prénom de sa femme plus fort et d’entraîner Aïcha dans le lit conjugal.

Mohcine était aussi rapide que taiseux. Il était le premier à table. Il avait l’air réjoui. Ses garçons le rejoignirent.

Aïcha avait séché ses larmes pour que ses enfants ne lui posent pas de questions. Elle s’occupait du service. Ses pensées se bousculaient. Magyd ouvrit les hostilités :
—  Nafa est rentré d’Algérie couvert d’or. Tout le quartier déjeune chez lui…
— Des pique-assiettes ! Notre famille n’a pas sa place à sa table. Nos voisins vivent dans le péché permanent. D’ailleurs, ils n’arrivent pas à avoir d’enfants. À quelle heure est rentré Magyd hier soir, Aïcha ? 
Magyd savait qu’il pouvait compter sur sa mère comme sur l’ignorance de Wahed qui se couchait très tôt.
— À 22 heures comme prévu. Si Allah accorde la richesse à nos voisins, ils auront peut-être un enfant prochainement….
— Tes prédictions ne valent rien ! coupa Mohcine. Nul ne connaît les projets du Tout-Puissant. Occupe-toi de notre maison, Aïcha : c’est tout.

Pendant que les hommes siestaient, Aïcha continuait à s’affairer. Après avoir fait la vaisselle et lessivé les draps, elle avait hâte d’aller changer le linge sur le fil. Elle savait précisément ce qu’elle voulait dire à Kadija et les draps colorés de ses enfants allaient lui permettre d’exprimer son désarroi. Elle sortit sur la terrasse étendre sa lessive, plaçant sur le fil situé du côté de chez Kadija le grand drap rouge vif de Magyd qui remplaça ses vêtements verts du matin.
Elle entendit que plus bas, chez Nafa et Kadija, les conversations allaient bon train, les rires étaient bruyants. Kadija était heureuse aussi assurément. Elle aurait l’enfant qu’elle désirait depuis si longtemps. Aïcha se mit à pleurer, pensant à ce quatrième enfant dont elle ne voulait pas et qu’elle portait déjà peut-être en elle. Elle profita d’être seule pour s’adresser à Allah. Dans sa prière, elle demandait au Tout-Puissant de pardonner sa violence à Mohcine. Elle savait qu’il l’aimait, l’homme qu’elle aimait parce qu’il lui avait été donné pour mari, le père de ses enfants. Murmurer sa prière et étendre ce drap rouge lui faisaient du bien. Alors qu’elle s’apprêtait à rentrer, elle entendit une voix :
—  Si tu es Aïcha, comment se fait-il que tu sois aussi triste ? Si tu n’es pas Aïcha, comment fais-tu pour être aussi belle et semblable à celle que Kadija ta voisine vient de me décrire ?
Aïcha n’avait pas l’habitude de parler. Encore moins de dialoguer avec un homme. L’inconnu qui lui parlait était il un envoyé d’Allah ou de Kadija comme il l’affirmait ? Elle découvrit derrière le muret de la terrasse un homme fort beau au visage doux – il ressemblait à Hakim, un amour de jeunesse qui ne lui était pas destiné : ses traits et ses mots lui inspirèrent aussitôt confiance et espoir. Elle se hasarda à répondre à l’inconnu à la voix si douce.
— Je m’appelle Aïcha. Je ne sais pas qui tu es mais si Kadija t’a parlé de moi, sache qu’elle ne t’a pas menti : j’étais très joyeuse ce matin et me réjouis de son bonheur. Seulement voilà : l’un de mes draps est taché. L’eau n’est pas venue à bout de cette tache qui semble indélébile. Le ciel en voudra-t-il ?
— Tu peux faire confiance au soleil, Aïcha. Je m’appelle Ismaël. Je chemine à travers le royaume, de ville en ville, et je vends mes étoffes ; je n’ai ni famille ni foyer. Tes voisins m’ont offert le repas et voulaient me retenir car ils fêtaient le retour de Nafa et la naissance à venir de leur premier enfant. Kadija m’a dit grand bien de toi et elle m’a pris une étoffe verte pour te l’offrir. 

Aïcha n’était pas habituée à entendre autant de mots si agréables à son oreille. Ismaël était-il la réponse qu’Allah faisait à sa prière ? Non, il lui fallait faire le tri dans les pensées qui l’assaillaient à présent car son imagination s’emportait un peu plus loin que de raison.
— Où vas-tu à présent, Ismaël ?
— Je vais rester cette nuit encore dans la ville et partirai demain pour Agadir. J’aime me déplacer et ne puis rester longtemps au même endroit. Cela doit te sembler bien étrange car j’imagine que tu ne quittes que rarement ta ville.
— Je ne quitte ma maison qu’une fois par semaine, pour aller au puits que tu aperçois en bas. Je n’ai jamais quitté cette maison. Je dois te laisser, étranger, finit Aïcha quand elle aperçut Wahed à la fenêtre.
— Sois heureuse, Aïcha ; que ta maison le soit aussi ! rétorqua Ismaël en s’éloignant.

Aïcha rentra toute troublée dans une maison qui n’était que silence. Confusion et cacophonie régnaient en revanche dans sa tête. Elle revoyait son mari l’agresser et la forcer à se plier à des désirs qu’elle n’avait pas partagés. Elle s’en voulait à présent d’avoir provoqué la colère de Mohcine qui avait envie d’elle après une mauvaise matinée sur le marché. Il lui avait déjà donné trois beaux fils. Quelle serait la destinée de son quatrième enfant s’il devait voir le jour ? Aïcha avait l’impression que le Sheitan veillait sur sa maison à présent : le mauvais œil pouvait à tout moment menacer la maison tout entière. Des larmes coulèrent sur le visage d’Aïcha. Elle s’en voulait aussi de penser à nouveau à Ismaël qu’elle avait trouvé beau et bon. Penser à lui était doux pour Aïcha, mais pouvait-elle penser à un autre homme qu’à son mari, le père de ses enfants, à un étranger itinérant qui vivait sans épouse ni foyer ?

Quand les derniers voisins eurent quitté la maison, Kadija voulait encore partager sa joie. Son regard se posa sur l’étoffe verte qu’elle avait achetée au vendeur itinérant pour l’offrir à Aïcha qu’elle verrait au puits le lendemain. Sans attendre davantage, elle alla l’étendre sur le fil qui donnait chez son amie, pour lui dire combien elles étaient à l’unisson. Au vert de l’étoffe répondrait le vert des vêtements exhibés par Aïcha. En sortant dans le jardin, elle croisa son mari qui avait l’air aussi heureux que sa femme. A présent, ils étaient seuls et pouvaient penser à leurs projets. Nafa embrassa tendrement sa femme. Kadija lui dit alors d’un air coquin :
—  Si tu ne tardes pas trop, je te donnerai ton premier enfant avant le prochain ramadan !
— J’avais fait le même calcul et n’attendais que le départ de nos derniers visiteurs pour te combler de bonheur ! Pose donc ton étoffe et suis-moi !
— Je l’étale et te rejoins aussitôt.

Il faisait encore très chaud. Kadija se dirigea au fond du jardin ; elle étendit l’étoffe verte qu’elle donnerait à son amie et riait en pensant à ce langage secret qu’elle partageait avec sa voisine. Elle jeta un coup d’œil chez Aïcha pour comparer les deux verts et s’aperçut alors seulement du changement de couleurs. Un grand drap rouge vif avait remplacé les vêtements verts du matin. Obturation inédite, qui cachait quelque mystère. Aïcha allait-elle encore une fois être mère ? Kadija, impatiente, s’en alla rejoindre Nafa…

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