À l’ombre d’Ernest !

par Sophie Germain

Une fois n’est pas coutume, et bien que le « moi » soit haïssable selon Pascal, j’assume pleinement l’usage de la première personne du singulier avec ou sans son apostrophe pour signer cet édito très personnel.
Pourtant, son inspiration prend sa source (et la métaphore n’est pas sans saveur quand vous aurez lu la suite) dans un jardin niché entre la Seine et Marne chère à Patricia Highsmith et l’Essonne où Jean Cocteau avait trouvé refuge.
C’était le tout premier pique-nique de juillet. Nous étions quelques amoureux de la littérature et des arts à faire front contre la canicule à l’aide d’un punch parfaitement dosé dans lequel la louche se plongeait avec la cadence sereine et apaisée des cœurs réunis par l’amitié, quand l’un d’entre nous dispensa à la joyeuse assemblée ce conseil attribué (peut-être de façon abusive mais on ne prête qu’aux riches, n’est-ce pas ?) à Hemingway « Write drunk, edit sober. » [1].

Vaporisant un zeste de lotion anti-moustiques sur ma peau, je sus à l’instant que je venais de trouver le mantra de mes vacances, l’excuse idéale, le prétexte parfait, l’alibi imparable à tous les mojitos, spritz, caïpirinhas et autres vermouth ou substances brassées localement, partenaires désormais indispensables de ma créativité estivale.
Forte de cette référence, je m’apprête donc à siroter et à écrire et, comme je ne conduirai pas, je ne fais pas l’apologie d’une conduite à risques.
Je décide seulement de donner une chance à la transgression légère, aux parfums, aux épices, au sang chaud, à une ivresse douce et tendre en attendant… aïe… que ce mot est pénible à écrire en cette fin de message… en attendant la rentrée !

Notes

[1Citation attribuée à Ernest Hemingway, même si cette « paternité » fait débat et que l’on pourrait traduire par : « Écrire ivre, se relire sobre. »