Revue Rue Saint Ambroise n° 44

par Brigitte Niquet

Il s’est fait attendre, le coquin, il s’est fait désirer comme toute vedette qui se respecte, mais voici enfin le n° 44 « dans les bacs », comme on dit pour les disques, avec sa cargaison de bons textes primés au concours 2019, organisé comme chaque année par la revue Rue Saint Ambroise. Le cru 2020 bouillonne déjà dans les cuves, ne manquez pas de vous y intéresser si vous écrivez (http://ruesaintambroise.weebly.com/-concours-de-la-revue.html) et en attendant, attaquez la lecture des textes vainqueurs en 2019.
À tout seigneur tout honneur, c’est Tchekhov qui ouvre le feu, sans doute pour montrer à ses successeurs comment réussir une nouvelle parfaite sans avoir l’air d’y toucher. L’envie de dormir est un petit chef-d’œuvre de férocité innocente, si toutefois ces deux mots sont compatibles, tandis que lui fait écho beaucoup plus loin dans le recueil Le train de Géraldine Martin, les deux nouvelles ayant la particularité de présenter une variation sur… ah mais non, ne fusillons pas la chute, si habilement amenée dans les deux cas !
Et maintenant, comment continuer cette chronique ? Le livre contient vingt textes, il serait inutile et fastidieux de les commenter tous, mais injuste de n’en retenir que certains. Nous trancherons arbitrairement en nous permettant un petit clin d’œil amical à nos deux collaboratrices, Nathalie Barrié qui s’intéresse aux questions existentielles que Barbara Pym amène à se poser (« pensait-elle parce qu’elle s’ennuyait ou s’ennuyait-elle parce qu’elle pensait ? »), et Corine Sylvia Congiu qui se débat avec Quatre mots entrevus en rêve et sitôt oubliés, mais qu’il est essentiel qu’elle retrouve… Plusieurs traductions aussi, qui nous mènent d’Espagne en Italie en passant par les États-Unis, nous rappelant opportunément que les Anglo-saxons sont les rois incontestés de la nouvelle (Arboretum). Pardon à tous les autres que nous ne pouvons citer, mais une exception malgré tout pour Sophie Dussol et la phrase désopilante (attribuée à Woody Allen) qui termine L’Horizon de secours : « J’ai rencontré un homme merveilleux. Évidemment, il est imaginaire, mais on ne peut pas tout avoir… »
Bonne lecture !