Écrivain sous les étoiles

Interview- Emmanuel Dongala propos recueillis par Isabelle Chemin

par Éric Mercier

Professeur de littérature africaine francophone dans l’État de New York, Emmanuel Dongala est un défenseur de l’universalité. Inquiet du sort de l’Afrique de demain, il nous parle du bonheur de vivre, avec sa sagesse littéraire

De la lecture à l’écriture

C’est la lecture qui m’a amené à l’écriture. J’ai toujours été un grand lecteur. J’étais en ce sens privilégié parce que mon père était instituteur et ramenait des livres à la maison. La plupart étaient des vieux livres, notamment de vieilles encyclopédies et des catalogues de grands magasins français de vente par correspondance, dans lesquels je me plongeais avant même de savoir lire, me contentant souvent d’admirer les illustrations. C’est au lycée de Brazzaville, le lycée Savorgnan, que j’ai vraiment commencé à lire de la littérature. Pas seulement les classiques mais aussi des écrivains de science-fiction qui me passionnaient comme Jules Verne et Asimov. Je n’ai commencé à lire la littérature africaine qu’assez tard, pour la simple raison qu’elle ne nous était pas alors disponible. Aujourd’hui, j’ai lu presque tous les grands auteurs africains et antillais, et j’essaie autant que possible de lire les jeunes auteurs qui publient actuellement.

Des auteurs africains et antillais

Si aujourd’hui la littérature africaine de langue française et la littérature antillaise contemporaines sont distinctes, chacune ayant ses propres préoccupations et sa propre esthétique, il ne faut pas oublier qu’au départ elles avaient un tronc commun, et les mêmes ancêtres fondateurs, dont les plus connus sont certainement Césaire, Senghor et Damas. Pour moi Cahier d’un retour au pays natal de Césaire appartient aussi bien à la littérature africaine qu’antillaise.
La littérature africaine quant à elle a déjà ses classiques incontournables que chacun doit lire : Une si longue lettre de Mariama Bâ, L’Aventure ambiguë de Cheick Hamidou Kane, Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem, Le Soleil des indépendances de Kourouma et La Vie et demie de Sony Labou Tansi. Il y en a d’autres qui sont sur la voie d’atteindre le statut de « classique », je pense notamment à Le Baobab fou de Ken Bugul.
Je me suis limité ici à la littérature africaine de langue française, car, à n’en pas douter, il y a d’autres classiques incontournables produits dans l’Afrique anglophone ou arabophone, notamment avec des auteurs comme Chinua Achebe, Titsi Dangaremgba ou Tayeb Salih.

P.-S.

[... La suite de l’interview dans le n° 34]