Comment je me suis débarrassé de ma mère, de Gilles Abier, éd. Actes Sud Junior, 128 pages, 12 euros. À partir de 14 ans.

par Léo Lamarche

"Un conseil ! N’accepte jamais ta mère comme amie sur Facebook. Même si elle te fixe avec insistance pendant le dîner après t’avoir demandé si tu as bien reçu son invitation. Prétends que tu n’es pas sur ton profil vingt-quatre heures sur vingt-quatre, que tu es sollicitée sans arrêt par des inconnus, ou que tu l’as zappée par inadvertance. De toute façon, tu as une vie en dehors des réseaux sociaux... Dis n’importe quoi, mais ne clique pas !
Surtout si ta mère est sympa.
Sinon, tu finiras peut-être comme moi. À la détester au point de l’éliminer."

Elles sont terribles, ces mères-là : volontiers tyranniques, parfois carrément diaboliques, parfaitement intrusives, un tantinet abusives, elles court-circuitent vos relations sur les réseaux sociaux, vous font plus ou moins honte au quotidien, vous forcent à poursuivre des rêves de gloire qui ne sont pas forcément les vôtres...
Une seule idée hante les ados, garçons et filles, de ce recueil : comment parvenir, au final, à s’en débarrasser ? Tous les coups sont permis, tous les moyens sont bons : faire interner la "folle" de service, piéger l’indélicate qui triche pour vous faire gagner une compétition de tennis, quitter purement et simplement la maison et chercher des parents ailleurs, l’effacer de vos "amis" facebook et la chasser de votre cœur ou même la "tuer" purement et simplement, même si ce n’est qu’un geste symbolique. Servis par une écriture fluide, une architecture narrative impeccable, cette galerie de personnages hauts en couleur génère une tension dramatique qui tient le lecteur en haleine... jusqu’à la chute, toujours inattendue. Quant à la mauvaise foi, des mères ou des ados, à chacun de décider dans quel camp elle se trouve...