Nous avions accompagné les premiers pas de Françoise Cohen dans le domaine de la nouvelle, c’est donc avec plaisir que nous chroniquons son nouvel opus L’Empreinte volée. Ce sont, cette fois, les toutes jeunes éditions Tituli qui ont pris en charge le bébé et elles ont bien fait car il pèse son poids de qualités, déjà présentes dans Ana-chroniques mais qui ont bien mûri depuis.
Nous avons cependant un peu regretté que le recueil nous impose en ouverture une grande balade parisienne dans le quartier qui fut celui de l’enfance de l’auteur. Certes, les balades en nostalgie ont un grand charme pour qui les initie mais c’est un charme difficile à faire apprécier d’un lecteur qui n’a jamais vécu dans ces lieux, surtout quand la promenade s’assortit d’une énumération de noms de rue, d’impasses, de venelles, de monuments, etc. à en avoir le tournis. On se demande un peu s’il s’agit d’un guide touristique ou d’une nouvelle et, dans ce dernier cas, quel en est le thème. Heureusement, celui-ci se découvre vers la fin et l’on va comprendre que ce texte et les autres s’inscrivent dans une même perspective donnée par le titre général L’Empreinte volée. Mais c’est un peu dommage d’avoir commencé par là, au risque de décourager le lecteur de bonne volonté.
Cette réserve faite, on peut apprécier sans modération les différentes déclinaisons autour de l’idée d’ « empreinte volée » (par exemple celle d’un personnage qui passe par hasard dans le champ au moment où on prend une photo) : c’est vraiment une belle thématique aux multiples possibilités, que Françoise Cohen a exploitées pour le mieux. La palme revient sans doute à la nouvelle éponyme, qui est aussi la dernière du recueil, et celle qui pose le mieux la vraie question, qui n’est pas tant le problème du « voleur » que celui du « volé » : comment peut réagir ce dernier qui se retrouve confronté par hasard bien des années plus tard à cette image de lui-même dont il ignorait l’existence et qui aurait dû faire partie d’une sphère intime inviolable ? Toutes les réponses possibles sont dans le livre.
Françoise COHEN – L’Empreinte volée Éditions Tituli 2018 - 129 pages – 14 €