RESEAU DE LA NOUVELLE et des formes courtes

« Jeunesses », n° 116 de la revue Brèves

(actualisé le ) par BN

Tout d’abord, et contrairement à ce que nous avons annoncé par erreur, L’Atelier du Gué n’a pas fermé ses portes mais se concentre sur la réédition de ses anciens titres. Quant à Brèves, elle se porte fort bien et c’est un superbe numéro que ce n° 116 sur le thème "Jeunesses".

Douze nouvelles inédites, excusez du peu, et talentueuses, cela va sans dire. Il y en a pour tous les goûts, de la plus « classique » (vive le classicisme quand il est porté par Françoise Guérin, qu’on ne présente plus) à la plus déjantée, écrite et illustrée par Yûko Chigira. J’avoue humblement n’avoir aucun goût pour la littérature japonaise et, à vrai dire, n’avoir pas compris grand-chose à Maggie-tue-les-chats, mais d’autres crieront sans doute au génie et je fais d’avance amende honorable. Entre deux, les nouvelles se succèdent, toutes talentueuses mais parlant diversement à la sensibilité du lecteur, raison pour laquelle il est difficile d’en citer une plutôt qu’une autre. Personnellement, et dans des genres très différents, j’ai particulièrement aimé L’Écuyère de Gilles Marie, qui illustre avec tendresse et poésie la jolie formule de Ruy Blas : « ver de terre amoureux d’une étoile » ; j’ai beaucoup ri à la lecture du loufoque Tête à tête de Sébastien Pons ; j’ai apprécié à sa juste valeur l’aphorisme qui termine Résurgence de Ph. Deblaise (C’est une injustice grande que de mourir après avoir vécu) et j’ai goûté comme il se doit la longue épopée d’Alain Rizzolo-Mèje (Un seul instant d’éternité) qui nous narre les tribulations d’un galet à travers les siècles et réussit à nous y intéresser comme s’il s’agissait d’un être vivant. Mais peut-être l’est-il, vivant, qui sait ? Je m’arrête là pour éviter « l’effet catalogue » : que les non-cités ne m’en veuillent pas, ils n’ont pas démérité. Dans la série « Coup d’œil dans le rétro », je signale quand même le texte poignant de Maurice Loton (décédé en 2007) : La dictée.
Le recueil se termine par un panorama des œuvres rutilantes et souvent torturées (les deux ne sont pas incompatibles) du peintre Canta et aussi par une interview d’Emmanuelle Moysan, qui dirige courageusement la maison d’éditions Le Soupirail. Autant de bonnes raisons d’acquérir ce numéro 116 et, pourquoi pas, de vous abonner à Brèves pour être sûr de ne manquer aucun des suivants.