RESEAU DE LA NOUVELLE et des formes courtes

Le père que tu n’auras pas, Luc Leens Editions Quadrature, Préface d’Armel Job

par Brigitte Niquet

 

 
Le dernier recueil de Quadrature a deux particularités :
- celle d’être multiprimé. En effet, sur les douze textes qui le composent, sept ont reçu un prix, voire un premier prix, sans parler d’un accessit au très convoité prix Albertine Sarrazin en 2021 ;
- celle d’être préfacé par Armel Job, qui s’excuse avec beaucoup d’humour d’avoir pris quelques instants la place de l’auteur, et mine de rien, en profite pour nous mettre l’eau à la bouche : « J’aime les nouvelles, surtout en recueil, parce qu’elles représentent peut-être la forme de littérature la plus proche de la vie. » Ah ah ! A travers le prisme de la nouvelle, la vie prendrait-elle d’autres couleurs ? Attendons la suite : « La vie est plutôt un fatras de lambeaux décousus dans lesquels il est pour ainsi dire impossible de trouver une suite logique ». Et vlan ! Débrouillez-vous avec ça. Et pour faire bonne mesure, ajoutez-y : « Le fait qu’elles (les nouvelles) nous emmènent du coq à l’âne n’est que l’expression supplémentaire d’une vérité existentielle : la vie avance à hue et à dia ».
Bon, on prend le temps de digérer et on s’attaque au premier morceau de bravoure, sobrement intitulé Bacchus. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne déçoit pas et que ce chapitre mérite qu’on s’en lèche les babines, au sens propre et au sens figuré... Ensuite, bien que l’orientation générale ne soit jamais perdue, l’inspiration est éclectique, ce dont la préface nous a prévenus. Par exemple, on découvre que « dans sa vie, chaque homme devrait avoir l’occasion de vivre au moins une fois dans la peau d’une femme », on papillonne avec … Le papillon, qui permet d’apprécier un art de la chute porté à son apogée. Il est aussi question de Virus (non, pas le Covid, un autre qui n’est pas mal non plus), de bague, d’aveux, et de bien d’autres choses encore, par exemple d’un parfum qui flotte au coeur d’une histoire d’amour certes avortée (Que je porte en moi) mais qui se trouve être une des plus belles du livre. Tout cela nous mènera jusqu’au dernier texte où l’on comprendra mieux le titre général, que l’on avait un peu perdu de vue : « Le père que tu n’auras pas »…
Si vous résistez à tout cela, c’est que vraiment, vous n’aimez pas les nouvelles. Vraiment, vous êtes sûr(e) ?