On ne joue pas avec les épées, nouvelles , de Fanny Salmeron, Éditions Robert Laffont (2015), 162 p., 16 €

(actualisé le ) par Nathalie Barrié

Un recueil de dix-huit nouvelles, dont certaines très courtes, qui évoquent la vie et la mort, l’amour et la jalousie, dans une langue poétique, d’une immédiateté faussement enfantine. Si certaines sont à peine des nouvelles et quasiment des billets d’humeur, elles ont toutes en commun un style oralisé, au fil d’une pensée parfois dérangeante, souvent drôle et toujours décalée. La narratrice, ou selon le cas, le narrateur est rarement « fiable » : le lecteur peut s’attendre à tout de sa part et cet imprévu fait son charme.
S’il-elle revisite à sa manière le quotidien à travers l’étrange grâce d’une peluche abandonnée, il-elle peut aussi bien nous embarquer vers des situations extrêmes, tel un incendie ou un coin de plage sur lequel se joue la vie d’un baigneur. En dire davantage serait « spoiler » la fin du voyage. Car on ne raconte pas ces nouvelles, qui sont avant tout une expérience de lecture inédite… et mieux encore : une atmosphère.

La preuve par l’extrait :

« L’amour : idiot et essentiel. L’amour : les épices et la lumière. L’amour : le réconfort et le supplice. L’amour : transforme ton cœur en Japon, des morceaux de volcan éparpillés dans un océan — et des milliers de séismes. L’amour : tout de même joli. L’amour : important comme les arbres. L’amour : un gramme de cocaïne dans un monde de putes. »