Comme le climat, la culture se détraque, et les excès de ceux qui s’en détournent ou en violent les codes nous surprennent de jour en jour ; lire un livre serait devenu obsolète ou ringard ; dessiner, écrire (et même penser tout seul) sans recourir à une IA ou une autre devenu has been, un truc de boomers largués qui s’évertuent encore à tout faire (et penser ?) « à la main », quand tout ce qui importe est devenu « numérique », virtualisé, limité à un écran où l’on peut, par exemple, faire la guerre pour de faux durant des heures depuis sa chambre avant de sortir s’oxygéner… avec en main un couteau (non virtuel celui-là) et s’en servir au moindre regard supposé de travers… ou même pas, un rien suffit. Geste gratuit alors, ni réfléchi ni calculé dans ses implications, juste sur l’impulsion folle du moment ou pour le fun, en oubliant la bifurcation radicale, sans rewind ni reset comme à l’écran.
Dans ce monde-là, la lecture a-t-elle encore un pouvoir réel, comme de (re)civiliser ou désensauvager le monde, le rendre meilleur ou tout au moins, plus supportable pour un temps, générer une bulle de silence consenti et d’inspiration hors du temps ? A Nouvelle Donne, on y croit, à ce pouvoir des mots. Et les nouvelles, celles que nous publions et les autres, sont un bon moyen de s’évader à doses mesurées, à son rythme, selon ses envies et ses choix du moment. Exemple de conseil de (re)lecture pour l’été : vous trouverez la chronique par Dominique Perrut du recueil des Meilleures nouvelles de Colette, nouvel opus dans la collection Les meilleures nouvelles des Editions Rue Saint Ambroise, un délicieux plongeon dans le siècle passé, une sélection soigneusement élaborée par Julie Wolkenstein. Pour les inédits, on vous conseille les derniers textes que nous avons sélectionnés pour vous : Navy Seals, de Bernard Barbarroux (le retour du guerrier, tel un nouvel Ulysse), et Le monastère des mots perdus, de Laurent Giraud, étrange et poétique métaphore du pouvoir de l’apprentissage du langage et des mots sur la connaissance du monde et de ses beautés. La boucle est ainsi bouclée, quand on vous disait plus haut que les mots, et la lecture, peuvent encore réenchanter le monde… CQFD
Bel été à tous