L’été nous quitte déjà, et avec lui ses odeurs de lavande, de thym et d’oranger, qui laissent progressivement place à celles, un brin moins poétique il est vrai, du goudron, des moquettes de bureau et des machines à café. Cependant, n’oublions jamais que sous les pavés, il y a la plage, et aussi de la terre bien fraîche qui ne demande qu’à faire germer de grosses pousses avides de percer le gris bitume, et d’ainsi redonner au monde son éclatante verdure d’antan. Alors, prenons-le bien à la racine, et revenons vite aux choses simples, à savoir : jardiner. Pendant que le monde part à vau-l’eau, recueillez donc cette dernière (l’eau), et versez-la généreusement sur vos plants de tomate et de basilic. Le fardeau de l’existence vous semblera soudainement plus léger et vous pourrez peut-être même vous surprendre à orner votre jolie frimousse d’un gentil sourire.
Cultivons donc notre jardin avec candeur et, entre deux rempotages, prenons aussi le temps de lire un peu. La lecture est à l’esprit ce que la photosynthèse est aux plantes, surtout quand elle est aussi plaisante, facétieuse et fantaisiste que celle que nous offre Nicolas Bessières à travers sa nouvelle La bouture d’églantier, toute en floraison et en malice. A consommer sans modération.
Mais, las ! si aujourd’hui la quiétude ne vous dit trop rien et que vous avez plutôt envie d’en découdre, offrez-vous le plaisir de lire notre chronique électrisante, écrite par Jean-Yves Robichon, de Haute Tension, le dernier recueil de nouvelles de Livia Léri. Comme elle le présente elle-même, celui-ci comprend quelques-unes des facettes les plus explosives de la discorde : de quoi se passer les nerfs sans s’électrocuter. Chacun cultive naturellement ce qu’il peut et ce qu’il veut. Et n’oubliez jamais que, petit à petit, vous devenez imperceptiblement la moyenne de vos lectures : dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. Et vu l’état actuel du monde, un peu de bonne littérature de derrière les fagots, certifiée bio et 100% sans I.A., ne peut faire que du bien.
Excellente lecture et bonne rentrée,
Thomas Friedland
Responsable du comité de lecture