- Illustration : Corine Sylvia Congiu - 2025
Mi-octobre.
Je l’avais aperçu plusieurs fois ces derniers jours. Curieux, mais craintif. M’observant dissimulé derrière les trembles jaunes et les grands sapins. Sûrement un jeune, pas plus de quatre ans à mon avis. Un adulte aurait passé son chemin ou chargé. Il avait dû renifler, malgré mes précautions pour dissimuler le peu de restes que je laissais après chaque repas, des odeurs qui devaient lui exciter les narines. Avec le travail qui me restait à faire, je devais avoir les mains libres et je ne pouvais pas me balader avec mon Springfield gros calibre tout le temps. Alors, j’ai utilisé les grands moyens. Deux alarmes avec gyrophares, branchées directement sur une batterie solaire. L’une posée sur l’entrée de la cabane, l’autre fixée au tronc d’un gros sapin tout proche. J’avais déjà utilisé le système sur un de ses congénères qui avait essayé d’enfoncer la porte et je savais qu’il fallait prendre quelques précautions. Un gars que j’avais rencontré à Great Falls me l’avait bricolé. Il m’avait affirmé que cela aurait arrêté la charge d’un troupeau de bisons. Mais bon, personne n’avait vraiment jamais tenté l’expérience jusqu’à présent sur des bisons. J’ai posé deux morceaux de coton sur chaque oreille et j’ai pressé fort avec les deux mains. Pour la mise en route, j’ai appuyé avec le coude. Quand j’ai déclenché, le son s’est infiltré partout, passant de l’extrême grave aux aigus. J’ai pas trop insisté, je ne voulais pas lui foutre les tympans en l’air. Avec l’odorat, ce sont les sens les plus développés chez eux et il en aurait besoin l’été prochain. J’ai mis sur off et je suis sorti avec la carabine. J’ai fait un tour de reconnaissance, il n’y avait même plus un oiseau qui chantait dans le coin. Je devais fermer la cabane pour l’hiver. La neige avait commencé à tomber. Elle se posait sur les aiguilles des sapins, sur les feuilles des buissons ou sur les branches des arbres et fondait en minuscules gouttes d’eau au retour du premier rayon de soleil. Bientôt, ce serait une autre histoire. Dans quelques jours, le thermomètre allait descendre au-dessous de zéro et l’endroit deviendrait hostile. J’ai travaillé toute la matinée. Le midi, je me suis fait un casse-croûte conséquent. L’après-midi, j’ai bouché la cheminée et les différents accès. Je ne laissais aucune nourriture à l’intérieur, aucune odeur. J’avais fini mes réserves de farine et de sel. L’essentiel, la chasse et la pêche me l’avaient fournie. Le lendemain matin, quand j’ai vu le premier rayon de soleil pointer le bout de son nez, j’ai cloué la porte de la cabane avec de larges planches de pin. J’ai jeté un dernier coup d’œil aux alentours. Satisfait, je me suis mis en route, sac à dos et carabine à l’épaule, une balle dans le canon. Personne ne viendrait là avant le printemps prochain. L’herbe avait pris possession du sentier, mais il était encore visible. J’avais fait le chemin en sens inverse à la fin du mois de mars. Je venais de passer six mois dans ce coin perdu au pied des rocheuses. L’endroit est parc national. Pas le genre dans lequel tu peux transiger avec la loi. S’il y a des interdictions de pêche ou de chasse, vaut mieux les respecter. Sinon, tu risques gros, prison et amendes. Quand je suis parti m’installer, ils m’avaient proposé un téléphone satellite. J’ai refusé. Être coupé du monde me convenait parfaitement. J’ai quand même été survolé une fois par un hélicoptère qui avait ma position GPS. J’ai fait de grands signes, comme quoi tout roulait et ils ont fichu le camp. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi ils avaient installé une cabane aussi loin dans la forêt. Mais je n’ai pas posé de questions quand on m’a proposé le job. Pirce m’a convoqué un jour dans son bureau. J’ai un truc pour toi, soldat. J’ai dit oui sur le champ. On devait se faire oublier. Notre dernière opération avait mal tourné. Des civils avaient payé le prix fort. Certains d’entre nous étaient partis dans le Pacifique, Ryan au Japon, d’autres à Hawaï ou en Europe. Pirce s’était occupé de chacun de nous. Je lui avais dit que je voulais qu’on me fiche la paix. Je ne voulais plus voir âme qui vive. J’ai été servi. Il avait contacté l’office des forêts. Plus personne, chez eux, ne voulait s’isoler un été entier dans cette cabane du bout du monde. Seuls des wapitis sont venus renifler dans le coin, un couple de loups aussi, mais il restait à distance, méfiant. Nous nous sommes regardés plusieurs fois les yeux dans les yeux. Ils n’avaient jamais dû voir de bipèdes de leur existence. À part peut-être les kangourous, on n’est pas nombreux à marcher sur deux jambes. Un jour, alors que je pêchais dans la petite rivière en contrebas de la cabane, ils ont tenté une approche à revers. Quand je les ai vus, j’ai sauté sur place en tapant dans les mains et en gueulant très fort. Ils se sont enfuis. Je ne les ai jamais revus. Un coyote venait régulièrement la nuit. J’ai bien essayé de l’apprivoiser, mais chaque fois qu’il me reniflait d’un peu trop près, il déguerpissait. J’avais huit heures de marche devant moi, avant la maison des gardes, en lisière de la forêt. Après, l’un d’eux me déposerait à Kalispell dans le comté de Flathead. Ma voiture dormait là-bas, dans un garage du Forest Service.
J’ai fait une pause vers midi, histoire de manger un bout de viande séchée. Après, le sentier montait fort, j’ai grimpé les derniers mètres en courant. Je suis arrivé à la maison des gardes au soleil tombant. Ils m’ont regardé comme une curiosité. Ma barbe avait sacrément poussé et mes cheveux aussi. J’ai reconnu celui qui m’avait pris en charge six mois auparavant à Kalispell. Un dénommé Matthew. Il avait essayé de me cuisiner pour savoir qui j’étais et pourquoi je venais m’exiler dans le coin. Je lui avais dit de s’occuper de ses oignons, il n’avait pas insisté. L’air moqueur, ils m’ont demandé si le petit séjour s’était bien passé et si j’avais fait de belles rencontres. Je n’ai pas répondu. J’ai demandé lequel des deux m’accompagnait à Kalispell. Le plus grand des deux m’a dit qu’ils n’avaient pas que ça à faire et que je devrais attendre jusqu’à demain. Pour dormir, je pouvais toujours aller faire un tour dans la remise à bois. Deux 4 X 4 de l’office des forêts étaient garés devant la maison. En entrant, j’avais remarqué les clés accrochées près de l’entrée. J’ai attrapé un des trousseaux. Le costaud m’a mis la main sur l’épaule : genre, tu vas où ?
— Enlève ta main de là, bonhomme !
— Tu te crois tout permis ? Tu débarques, t’es même pas du forest service et tu veux donner des ordres !!!
— Laisse tomber Frankie, je l’accompagne.
— T’as de la chance que Matthew soit un brave type.
— Sinon quoi ?
Son visage s’empourprait, mais j’avais pas envie de lui mettre une dérouillée. Pour mon retour à la civilisation, ça aurait fait mauvais genre. L’autre m’a gentiment poussé vers la sortie.
— Il s’énerve vite, Frankie. Excuse-le, aussi t’arrive comme ça. On ignorait exactement ta date de retour.
J’ai haussé les épaules. Un peu plus loin, sur la route, il m’a demandé :
— Parait que t’es un Navy SEAL. Ils me l’ont dit au QG de l’office des forêts à Bozeman.
— S’ils te l’ont dit, alors ils doivent avoir raison.
— Je l’ai gardé pour moi.
— T’as bien fait.
Je lui ai demandé de me laisser devant un hôtel, plutôt confort. Il m’a trimballé jusqu’au Hilton du coin, proche de l’aéroport. Heureusement, les pistes étaient déjà fermées. Il a gentiment attendu pour savoir s’il y avait une chambre disponible. Je suis venu le lui confirmer, je l’ai remercié et je me suis excusé pour mon côté rustre.
— On m’a dit que tu avais vécu des trucs compliqués ces derniers temps et c’est pour ça que t’avais pris ce job.
— On te dit beaucoup de choses à toi. Non, je voulais simplement qu’on me fiche la paix quelque temps.
— Mais t’es toujours dans la Navy ?
— Peut-être man, peut-être, allez à la revoyure et encore merci.
Bien sûr, j’étais toujours dans la Navy, même si notre dernière mission avait été faite pour le compte d’une agence du gouvernement. Dans le hall, j’ai pu utiliser un ordinateur. Mon compte en banque était florissant, malgré les prélèvements. Voilà des mois que je n’avais pas retiré un cent. Je suis resté une éternité allongé dans le bain. J’ai mis la totalité des flacons que l’hôtel dépose sur les étagères de la salle de bains dans l’eau du bain. Je me noyais dans la mousse. J’ai dû rester au moins une heure dans la baignoire. J’avais faim, et pas grand-chose de correct à me mettre sur le dos. J’ai fait monter un énorme burger. Au téléphone, le réceptionniste m’a demandé si je n’avais pas besoin d’autre chose. Je l’ai soupçonné de vouloir me fourguer une fille. Avec mon allure, je devais ressembler à ces anciens trappeurs qui débarquaient en ville et faisaient la fête une fois les peaux de castors et de loutres vendues dans un comptoir. Je me suis endormi aussitôt mon burger avalé. La marche de huit heures n’y était pas pour rien. Le lendemain matin, je me suis levé à six heures. Je suis descendu dans le hall. J’ai pu prendre un café et avaler quelques pancakes. J’avais une terrible envie de fumer. J’ai demandé à un individu installé à la table voisine s’il n’avait pas une cigarette. Il m’en a offert une et a voulu entamer une conversation. J’avais des trucs à faire et pas trop de temps pour le bavardage. J’ai commandé un taxi et j’ai filé au garage. J’ai pu récupérer le Ford. J’avais débranché la batterie et dit au responsable de la mettre en charge pour début octobre. Il l’avait laissé à côté du Ford. Quand je l’ai remise en place, il a démarré du premier coup. J’ai trouvé un barbier, proche du centre-ville. Il m’a redonné figure humaine.
J’avais quelques trucs pas trop mal à enfiler dans un sac que j’avais laissé dans le véhicule. J’ai retiré mille dollars dans une banque du coin et j’ai pris la route. J’en avais au moins pour vingt heures. J’ai fait un stop dans une station essence, histoire de remplir le réservoir. J’ai aussi acheté un téléphone portable, le mien était resté dans mes effets personnels à la base. Je ne connaissais qu’un numéro par cœur. Mina n’a pas décroché au premier appel, sûrement parce qu’elle ne connaissait pas le numéro. Au bout de quatre ou cinq, elle a répondu par un allo exaspéré. Pris de court en entendant sa voix, j’ai simplement dit :
— Salut.
Elle a marqué un temps d’arrêt et a raccroché. Deux minutes plus tard, elle rappelait.
— Tu crois que tu peux disparaître des mois et ressurgir comme ça ! Non, mais tu te prends pour qui ! Allo, c’est moi, je viens de me faire quitter par une pouffiasse alors à tout hasard, je t’appelle. Va te faire foutre. Et ne m’appelle plus jamais !
Elle a de nouveau raccroché. J’ai attendu. Quelques minutes après, nouvel appel de sa part.
— T’es où ?
— En voiture, quelque part dans le Montana. Je viens de passer Clayton sur la 75.
— Connais pas. Et tu vas où ?
— Idaho, Nevada, terminus la Californie, à moins que tu me dises de faire demi-tour.
— T’es complémentent givré Ray. En plus, tu peux pas prendre l’avion, comme tout le monde ? Tu seras là quand ?
— Demain je pense.
— Quand tu es parti, tu m’as dit quinze jours, pas plus, ça va faire un an.
— Sept mois.
— Je vois pas la différence. Je savais même pas si t’étais encore en vie. C’est quoi ce numéro de téléphone ?
— Je viens de l’acheter.
— À quelle heure tu seras là ?
— Demain.
— Tu restes combien de temps, cinq minutes, une heure, le week-end ?
— On verra.
— Tu verras ! De toute façon, c’est toujours toi qui décides.
— J’ai des contraintes, Mina.
— Tout le monde en a, Ray. Bon, rapplique.
— A demain alors.
— Oui, c’est ça, à demain, Ray.
Le soir, je me suis arrêté à Winnemucca dans le comté de Humboldt, une petite ville typique de l’Ouest américain. John Wayne aurait pu surgir à tout moment du coin d’une rue, un colt à barillet à la main. J’ai dormi dans un motel et le lendemain matin tôt, je reprenais la route. Je suis arrivé à Santa Cruz vers dix-huit heures. J’ai garé le Ford derrière le bâtiment. Avant d’entrer, j’avais encore un truc important à faire. J’ai appelé Pirce. J’avais beaucoup cogité là-bas et durant la route aussi. Je ne voulais pas me retrouver un jour confronté à la même situation que celle que nous avions vécue quelques mois auparavant. Pour moi, c’était le bout de la route avec eux. Puis j’allais avoir bientôt trente-cinq ans.
Après le raid manqué sur Islamabad, ils allaient sûrement me proposer un poste d’instructeur à Little Creek ou à Coronado. J’étais accro au combat, pas à la Navy. Je ne me voyais pas gueuler toute la journée après des gamins de vingt ans. L’école de surf fonctionnait à plein régime, pour ce que j’en savais. Trois ans auparavant, avec Mina, on avait acheté des jet-skis. Ça avait boosté l’activité. Il ne me restait que quelques prélèvements sur mon compte pour finir de les payer et j’avais surtout envie de passer du temps avec elle, beaucoup de temps. Je l’avais connue quand j’étais à la base de San Diego. Pendant mon stage dans les SEALs. On était tout jeune à l’époque. On s’est rapidement mis ensemble. On pratiquait le surf tous les deux. Moi comme une brute, elle comme une championne. Cette année-là, elle a même gagné la California Cup. Pour quelques dollars, on a repris une baraque fermée depuis des lustres et installé des planches sur une plage de Santa Cruz, où d’énormes rouleaux déferlent grâce au vent offshore du matin et du soir. Sa réputation de surfeuse a fait le reste. Je donnais un coup de main à chaque permission. On a agrandi le truc. Acheté les scooters. Des engins électriques fabriqués par des Californiens. Pas question de polluer l’océan. Des VTT à grosses roues aussi, pour rouler sur le sable. Avec le snack en face de l’océan, on employait cinq personnes. Le soir, il était plein à craquer. Les surfeurs venaient dîner en regardant le soleil, grosse boule orange, se perdre à l’horizon. Mina dirigeait ça comme un chef. On voulait aussi mettre en route un bébé. Pourtant, à cause des risques que j’encourais lors de chaque opération, on a retardé le moment. Aujourd’hui, j’étais prêt à déposer les armes. Ma seule incertitude, c’était elle. Comment allait-elle réagir ? J’aurais pu attendre de voir sa réaction avant d’appeler Pirce, mais ce n’était pas mon genre. Il fallait que je me sente libre, avant de la revoir, sans parachute de secours. Je fonctionne comme ça. J’ai appelé la base. Pirce était dans son bureau. J’ai tout déballé. Il m’a laissé parler. Ensuite, il m’a expliqué qu’il avait signé ma promotion pour le grade de capitaine. Avec toutes les opérations que nous avions effectuées en terrain hostile et qui comptaient double et parfois triple, j’allais toucher une belle retraite à mon âge. Il avait eu Mina au téléphone quelques mois auparavant et l’avait rassurée sur mon sort. Je laissais douze ans de ma vie derrière moi. Je savais tuer en silence, même à mains nues, faire un tas de trucs dont je ne me servirais plus jamais dans la vie civile. Je comptais creuser un grand trou sur la plage le lendemain, jeter mes regrets et mes remords dedans et tout ce que j’avais appris et mis en pratique durant des années. Et que l’oncle Sam aille au diable. Great America, tu parles.
En arrivant, j’ai expliqué à Mina l’avenir, mon avenir en dehors de la Navy, et donc le nôtre si elle y souscrivait. Elle devait décider : reste ou part. Simple à dire. Quelle que soit sa réponse, je ne ferais pas d’histoires. Le pickup était garé derrière le bâtiment. Si elle le décidait, je mettrais les voiles sur le champ et je la laisserais tranquille. Malgré tout ce que j’avais vécu, je n’en menais pas large. Je jouais les durs, mais j’aurais préféré être en train de sauter de nuit à quatre mille mètres et sous oxygène depuis un gros C-17. Ça, je savais faire.
— T’es vraiment con de poser la question, Ray. Je me demande ce qu’il te traverse la tête parfois. Vous les militaires, vous êtes carrés, carrés. Il vous faut des réponses à tout. T’es chez toi ici et je suis ta femme. Point.
Un blondinet type surfeur californien avec de larges épaules et de beaux yeux bleus est entré à ce moment-là et il avait les clés.
— Merde, j’ai pas eu le temps de te parler de Tom.
La première réaction du blondinet a été un truc dans le genre : c’est qui celui-là. Sans ménagement, Mina lui a dit de récupérer ses affaires et de partir.
— C’est fini entre nous, Tom. Désolé, mais je t’avais rien promis.
— Comme ça, d’un coup ? Je rentre et tu me mets dehors ?
— Pourquoi ? Tu voulais un faire-part ?
Le gars avait sa fierté. Alors, il n’a rien rajouté. Il est allé dans la chambre, en est ressorti quelques minutes plus tard avec un grand sac de sport plein à craquer dans une main, un trophée en forme de vase de l’autre et sous un bras deux combinaisons de surf.
Il a posé le tout devant l’entrée.
— T’es dégueulasse, Mina, ça marchait plutôt bien entre nous, ce type débarque et tu me congédies.
— C’est toi qui dis que ça marchait et ce type, c’est mon mari, figure-toi alors, pas de scène, je t’en prie.
— Ton mari ? Première nouvelle, tu m’as jamais dit que tu étais mariée, et il débarque d’où, de la lune ?
— Non, de prison. Laisse-nous, Tom.
— Merde, Mina, tu me jettes comme ça !
Elle est partie dans la cuisine. Le gars s’est retourné vers moi.
— C’est ta femme ?
— Si elle te le dit.
— Et t’étais en prison ?
Mina a crié de la cuisine.
— Mets le dehors, Ray, on va pas y passer la soirée.
Je me suis levé, le gars me faisait de la peine. Pendant un court instant, il a bombé les muscles, mais mon physique et ma nouvelle étiquette de taulard l’ont sûrement dissuadé de tenter quelque chose.
— Allez, laisse tomber, bonhomme.
J’ai cru un instant qu’il allait pleurer. Je l’ai raccompagné jusqu’à la porte. Il est sorti sans dire un mot. Au bout de la plage, le soleil se glissait lentement dans le grand océan. Quand elle est revenue dans le salon, j’ai dit à Mina :
— Une drôle de trouvaille l’histoire de la prison.
— C’est ce que je me disais au quotidien. Il est en prison, il va sortir un de ces quatre et réapparaître, genre bonjour, c’est moi. Je ne m’étais pas trompé. Bon sang, que ce fut long, Ray. J’ai appelé la base, j’ai réussi à avoir un colonel au téléphone, ce doit être celui que tu appelles Pirce. Il m’a dit que tu allais bien, que tu te refaisais une santé et que tu débarquerais ici un jour ou l’autre. Maintenant, suis-moi, on a des trucs à mettre à jour dans la chambre. T’es pas venu jusqu’ici que pour terroriser les blondinets du coin, je suppose.