Édito de novembre 2025
	C’est à une vitesse stupéfiante que sous nos yeux les écrans se substituent aux livres, aux magazines et aux journaux sur papier. Cela ne manque pas de susciter des craintes sur l’avenir de la lecture et, en conséquence, sur la création, l’édition et la diffusion des textes littéraires. 
Cependant, on voit dans le même temps des signes de regain des écrits courts : dynamisme dans le secteur de la nouvelle ; transformations dans les formes courtes ; enfin, si le numérique bouleverse les règles du jeu littéraire, c’est aussi pour offrir de nouvelles opportunités.
Deux événements tout proches témoignent de la bonne santé de la nouvelle. 
D’abord, La Journée de la nouvelle, le dimanche 16 novembre à l’hôtel de Massa. Organisé par Le Réseau de la nouvelle, ce salon donnera lieu : - à une remise des prix du concours du Réseau de la nouvelle ; - et à deux tables rondes : Construire un recueil de nouvelles ; et En bref, sur les formes courtes. Notons au passage que le Réseau de la nouvelle, créé en 2022, poursuit sa croissance et rassemble désormais  plus d’une trentaine d’éditeurs français et belges décidés à œuvrer pour la promotion de la nouvelle, au moyen : - d’une interface commune entre ces éditeurs et les structures d’accueil (librairies, médiathèques, sites internet) ; - et d’événements littéraires (salons, festivals…) 
Ensuite, le Salon d’automne de l’autre livre regroupant des éditeurs indépendants, du 21 au 23 novembre, près du Panthéon. Vous y verrez des éditeurs de nouvelles comme Antidata, La Reine blanche ou Graminées.
Le genre de la nouvelle ne cesse de se transformer. Après une période limitée, au 19e siècle, de fort engouement du public, ravi de trouver chaque jour une nouvelle dans son quotidien, c’est dans le recueil que la nouvelle a trouvé une voie de survie. Pour autant, comme le fait observer Bernardo Toro [1], ce format éditorial ne constitue pas un genre littéraire en soi. 
Inspirée de la forme musicale du même nom, la suite trouve sa place entre le roman et la nouvelle. Cette forme constitue précisément une voie de dépassement du recueil. Les nouvelles y sont clairement distinctes mais entrent en résonance les unes avec les autres dans une thématique ou une intrigue. Des exemples de suites émergent dès la fin du 18e siècle [2], et le genre connaît aujourd’hui un essor [3]. D’autres formes telles que le roman choral [4] ou les nouvelles interreliées [5] se rapprochent de la suite. 
On voit aussi se multiplier les formes très courtes, depuis les autobiographèmes de Roland Barthes [6] jusqu’aux Microfictions de Régis Jauffret, en passant par les instantanés de Philippe Delerm qui placent sous le microscope un plaisir fugitif ou l’affleurement d’une remémoration.
La lecture sur écran, le phénomène des blogs et celui des réseaux sociaux bouleversent aujourd’hui nos habitudes de lecteurs ou d’auteurs et favorisent les formes très courtes, au profit du portrait, du monologue ou encore de la prose poétique. On pense également au Marathon autofictif, un feuilleton mené tambour battant sur le blog d’Éric Chevillard. Sur les nouveaux supports, le lecteur peut désormais interpeler directement l’auteur, effaçant ainsi le traditionnel clivage.
La nouvelle et la forme courte trouvent donc de nouveaux champs tant dans le renouvellement des genres que dans les supports numériques, favorisant des expressions et des interactions nouvelles. Voici, amis lecteurs, quelques lignes de questionnement, à poursuivre, tandis que nous sommes confrontés à la lame de fond du numérique.
Revenons à l’actualité de Nouvelle donne pour signaler la belle chronique de Jean-Yves Robichon sur Vie de Gilles, de Marie Hélène Lafon et Denis Laget. Dans cet ouvrage original, deux moments de la vie de Gilles entrent en résonance avec les peintures de Denis Laget pour évoquer la solitude et l’asservissement d’une existence à la terre.
L’énigmatique monologue d’Alyssia Petit dans Verre dormant, nouvelle que nous avons retenue aujourd’hui pour publication, aiguisera votre curiosité tout du long. Alyssia figure, avec ce texte, parmi les lauréats du concours de nouvelles Envie de vous lire de Viroflay en 2023 [7].
Saluons pour finir la chaleureuse chronique de Livia Léri sur Mauvais coton, le second recueil collectif des membres de Nouvelle donne, paru en 2023. Livia Léri y allie avec brio l’analyse rigoureuse et l’empathie avec les textes. N’hésitez pas à céder aux doux appels de cette sirène que ce soit pour vous offrir ce volume ou pour le glisser, le moment venu, sous le sapin.
 Dominique Perrut
Dominique Perrut
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| 4 | Article : Se la couler douce à Miami | (4.67 - 110 votes) | |
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| 9 | Article : On voit s’obstiner, chez le poète vieilli, une volonté d’éblouir | (4.58 - 36 votes) | |
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